H Soldats en Algérie 1954-1962 : Expériences contrastées des hommes du contingent
Au 1" mars 1959, au coeur de l'offensive menée par le général Challe, l'effectif sur le terrain est de 429 000 hommes. Plus qu'en Indochine, c'est d'une armée de masse qu'il s'agit. Certains appelés accomplissent jusqu'à trente mois de
service. Qui sont ces hommes ? Comment l'armée française se transforme-t-elle en une gigantesque troupe coloniale apte à la contre- guérilla ?
En neuf ans, plus de 1 200 000 appelés auront participé à cette vraie "guerre" que l'on appelle pudiquement "maintien de l'ordre" !
Guerre mêlant archaïsme et modernité, harkas à cheval, aviation, troupes héliportées et réseaux électrifiés, et jouant simultanément une double tactique d'attaque et de pacification, face à une Armée de libération nationale éparpillée sur un immense territoire au relief tourmenté.
Quels ont été les vécus de ces jeunes du contingent ? Quels souvenirs ont-ils gardé de cette expérience ?
Depuis 1995, une équipe de chercheurs, dirigée par l'auteur, analyse dossiers militaires, archives départementales et fonds privés, carnets personnels, lettres et photos, pour reconstituer le puzzle réaliste et précis de ce continent/
contingent oublié.
Une enquête, sans précédent par son ampleur, où chacun - les anciens d'Algérie -
se reconnaîtra."
Numéro d'inventaire : 10256 ; 116431
Niveau d'autorisation : Public
Tables des Matières : Avant-propos
La République nous appelle... 15
L'envoi du contingent en Algérie, à l'inverse d'une idée reçue, ne date pas de 1956. En effet, l'armée d'Afrique, c'est-à-dire la partie nord-africaine des troupes métropolitaines, comporte des appelés. À la Toussaint 1954,
les contours de ce conflit colonial se perçoivent mal. En 1955-1956, l'insurrection gagne l'ensemble du territoire algérien. Pour y faire face, la République fournit des renforts sans cesse croissants. L'Algérie 47
Sut le quai de la gare, dans la bousculade et les appels de haut-parleurs inaudibles, une boule dans la gorge, on quitte sa fiancée, son frère, après une dernière accolade. Lorsque le convoi s'ébranle dans un nuage de vapeur blanche,
comme pour toutes les générations du feu, on se donne du coeur au ventre. Et c'est l'acheminement vers la gare de Marseille, où attendent des camions militaires GMC à
destination du camp de Sainte-Marthe.
Une armée de masse 79
Au 1" mars 1959, au coeur de l'offensive menée par le général Challe, l'effectif sur le terrain est de 429 000 hommes. Plus qu'en Indochine, c'est d'une armée de masse qu'il s'agit. Certains appelés accomplissent jusqu'à trente mois de service. Sous l'appellation générique de soldats du contingent, qui sont ces hommes ? Comment
l'armée française, dont plus de la moitié sert en Algérie, se transforme-t-elle en une gigantesque troupe coloniale apte à la contre-guérilla ?
Le contingent en guerre d'Algérie 105
Dans un rapport confidentiel, le colonel Romer,
commandant le secteur d'Ain Sefra, constate,
le 20 décembre 1961 : « Le contingent ne sait pas ce qu'il vient faire en Algérie. » D'autres chefs de corps reconnaissent aux appelés une bonne volonté et un courage indéniables lorsqu'ils sont bien commandés et convenablement équipés. Mais ces jugements de valeur, à manier avec précaution, posent ici le problème des sources.
Un système d'armes 135
La guerre d'Algérie est à la fois celle du crottin et celle de l'électronique. En réponse au renforcement de l'ALN en. 1956-1957, apparaît un système d'armes complexe mêlant archaïsme et modernité.
Les moyens de la pacification 163
La spécificité de ce conflit tient dans quelques lignes de l'Instruction pour la pacification en Algérie distribué aux chefs de corps : « La population est l'enjeu de l'adversaire comme
des forces de l'ordre. Elle détient la clef de voûte du problème, car le succès appartiendra à celui des deux qui la fera s'engager dans son action. » Il s'agit moins de regagner un terrain jamais totalement contrôlé par l'ALN que de rétablir la
confiance de la population. Enjeu politique, la pacification nécessite de gros moyens en hommes et en matériels.
Le poste 192
Destinées à montrer le drapeau dans les coins les plus reculés, les garnisons de près de 5 000 postes doivent contrôler les populations. Plus qu'en Indochine, le poste constitue pour la grande majorité des troupes de secteur,
formant le gros des forces de l'ordre, le décor habituel.
Dans l'inconfort, l'isolement et l'insécurité latente, se forge une petite communauté de copains, dont la vie monotone est rythmée par nombre de contraintes.
Une culture de guerre 221
Huit ans de conflit ont-ils généré une culture de guerre particulière ? L'ennemi n'étant pas désigné, l'accent nationaliste, que l'on serait à même d'attendre, n'apparaît pas. Le combattant d'Algérie se distingue du soldat Professionnel de la guerre d'Indochine ou de ses aînés des
deux conflits mondiaux par la langue, les attitudes et les sentiments spécifiques du blédard.
Servitude et aigreur militaires 249
Dernier des conflits coloniaux menés par la France, cette guerre trouble toujours les consciences. Les Ponce Pilate de
la IV` République laissent l'armée régler la question algérienne, et les nouveaux maîtres de la V` ont bien du mal à restaurer l'autorité de l'État. Au nom de la pacification, les théories de la contre-guérilla s'opposent souvent aux
normes de la discipline et au droit coutumier de la guerre. Ce qu'Albert Camus définit en ces termes en janvier 1956 : « Chacun s'autorise du crime de l'autre pour aller plus
avant. » Comment le contingent a-t-il vécu cette dérive des devoirs du soldat ?
L'arrière ne tient pas 281
En 1915, Forain caricature deux poilus s'interpellant au fond d'une tranchée : « - Pourvu qu'ils tiennent ! - Qui ça ? - Les civils ! » La même image pourrait être reprise pour le conflit algérien, à la nuance près que l'armée engagée ici, dans la France d'en face, c'est la nation, elle-même divisée, qui s'efforce, officiellement, de maintenir l'ordre. Si bien que les gros bataillons de soldats-citoyens, faute d'union
sacrée, ont peu à peu le sentiment d'être incompris, voire oubliés. Quels liens entre l'arrière métropolitain et ces combattants sans front, dont la vie quotidienne est faite de
l'attente du courrier, de rêves amoureux, des informations données par les médias ?
Le retour 307
Que l'on revienne blessé ou indemne, interrogations et séquelles psychologiques accompagnent ce conflit. Le retour n'a que peu de rapports avec celui des autres générations du feu. Quelle est sa spécificité ? Quelle mémoire génère-t-il ?
Conclusion: « L'homme révolté » 342
Chronologie 349
Sources et bibliographie 355
Table des sigles et des abréviations 363
Langue : Français
Lieu d'édition : Paris
Description matérielle : 366 p.: ill. noir avec couv. ill.; 25 cm.
Collection : n°59-60 Mémoires
Origine : Don
Notes : Table des matières ; Bibliogr. ; Annexe
Localisation : Silo 4 ; Réserve
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