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Cote : 845 ABD
"Si l'Occident « civilisé » se trouve aujourd'hui radicalement mis en cause par les porte-parole du Tiers Monde, force est de constater que c'est presque toujours au nom de systèmes idéologiques empruntés à l'Occident. Or les peuples d'Afrique, d'Asie, d'Amérique ont des raisons de résister à la civilisation capitaliste industrielle qui ne sont pas forcément celles que soupçonnait Marx. Malheureusement, rares sont les textes où une telle pensée, libre de toute idéologie d'emprunt, ait trouvé à se formuler.
Le présent ouvrage, discrètement publié à Paris en 1858 et aussitôt relégué dans les oubliettes de l'histoire par la censure officielle, est l'une de ces réconfortantes exceptions. Il ne s'agit pas d'une œuvre polémique (l'émir pousse même la courtoisie jusqu'à prononcer l'éloge de ses ennemis d'hier), mais de la profession de foi d'un homme qui, ayant accepté sa défaite, entend malgré tout faire connaître au monde les idées qui ont guidé son action. Ce n'est plus l'homme de combat qui parle, c'est le philosophe. Mais un philosophe nourri des doctrines de l'Orient, dont la pensée, toute en méandres, recourt volontiers à la parabole, à l'image.
Qu'on n'aille pas croire pourtant que les propos ici tenus, dans leur tonalité agréablement « archaïsante » à 'nos oreilles modernes, s'adressent à. d'autres qu'à nous.
Que lisons-nous en effet entre les lignes de cette méditation ? Que l'Occident, qui entend régenter le monde et qui a, à l'évidence, les moyens matériels de le faire, n'a peut-être pas toute la sagesse qu'il faut pour réussir dans cette entreprise. Qu'il possède les « techniques », c'est sûr, mais peut-être pas la « science » (le discernement). Qu'il profite de l'opportunité que lui offre sa puissance d'un instant, mais qu'il ne mesure probablement pas les conséquences de ses actes, conséquences qui pourraient bien se retourner contre lui s'il n'y prend garde, en même temps que contre tout le reste de la Communauté humaine.
On comprendra aisément qu'un tel texte n'ait rien perdu de son actualité."
"Si l'Occident « civilisé » se trouve aujourd'hui radicalement mis en cause par les porte-parole du Tiers Monde, force est de constater que c'est presque toujours au nom de systèmes idéologiques empruntés à l'Occident. Or les peuples d'Afrique, d'Asie, d'Amérique ont des raisons de résister à la civilisation capitaliste industrielle qui ne sont pas forcément celles que soupçonnait Marx. Malheureusement, rares sont les textes où une telle pensée, ...
Abd el-Kader (1808-1883)
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