Documents  Servier, Jean | enregistrements trouvés : 12

Ce livre révèle une tradition inconnue : celle des Berbères, paysans d'Algérie, dont les rites, les coutumes, la vie quotidienne conservent des « informations » d'une exceptionnelle importance sur les sources des civilisations méditerranéennes et de la culture dont nous sommes les héritiers.
Ce n'est pas .un hasard si, d'après la Tradition, la déesse de la Sagesse, Athéna, est née en Afrique du Nord, sur cette terre berbère située au confluent des mythes, des croyances, des traditions les plus essentielles. L'Algérie a été considérée trop longtemps par l'Occident comme un pays brûlé par le soleil, à « mettre en valeur », peuplé de sous-développés. On a confondu sous-développement matériel et sousdéveloppement spirituel, passant à côté de la tradition berbère et de ses rïchesses. Les paysans d'Algérie ont su garder intactes des valeurs qui fournissent à l'Occident les clefs des héritages encore scellés de Rome, d'Athènes et de Mycènes.
« Notre avenir, écrit l'auteur, ne se construit que sur la connaissance et la fierté du passé. Ce ne sont pas des survivances que j'ai essayé de décrire... J'ai recueilli pendant sept ans, au cours de longues étapes à pied ou à mulet, parfois à cheval, les traditions que connaissaient les hommes de quarante ans : ceux qui ont le droit de parler aux Assemblées du village ou de la fraction. Eux-mêmes n'acceptent de savoir que ce qui a trait à leur village et considéraient comme impoli de parler du village voisin alors qu'ils y connaissaient un vieillard qui seul avait le droit de parler s'il le jugeait opportun. De là la nécessité de « voyager pour s'instruire » comme cela se faisait autrefois. »
Surprenant voyage, en effet, qui dévoile cette civilisation berbère, ses rites, sa vision de l'homme et de Dieu et sa réalité impérissable.

"Dès les premières pages de ce livre, comme sous le pic d'un archéologue patient, c'est toute une civilisation inconnue qui nous est révélée. Les gestes de tous les jours des paysans d'Algérie nous expliquent les secrets qu'ont jalousement gardés les initiés de l'Antiquité méditerranéenne. Pourquoi Héra, la mère des dieux grecs, était-elle représentée une grenade à la main Et pourquoi cette grenade était-elle interdite à Éleusis ? Pourquoi les Pythagoriciens et les prêtres égyptiens avaient-ils les fèves en horreur ? Pourquoi la figue était-elle consacrée à Hermès ? Pourquoi les Sémites ne se rasaient-ils pas en période de deuil ? Mais aussi pourquoi la paysanne kabyle, au matin des premiers labours, porte-t-elle sur sa tête un tamis plein d'offrandes symboliques et une lampe allumée, comme les initiés d'Eleusis à l'entrée des Grands Mystères ? Pourquoi le forgeron a-t-il un tablier de peau ? Pourquoi Hérodote affirme-t-il qu'Athéna, la déesse de la Sagesse, est née en Afrique du Nord au bord du Lac des Tritons ? Quelle est la signification de l'égide ? Comment est né le théâtre 1... Les paysans d'Algérie nous donnent la clé de ces mystères encore scellés pour nous, eux qui ont gardé à travers les millénaires la hache à deux tranchants des civilisations créto-mycéniennes, les autels de pierres brutes oints du sang des sacrifices, les hauts-lieux et les arbres verts dont parle la Bible, comme ils ont conservé les masques hirsutes de la Commedia dell'Arte. Jean Servier a écouté la leçon de ces hommes qui ont transmis un trésor infiniment précieux : le symbole du grain qui meurt pour renaître à une vie nouvelle. La civilisation occidentale est-elle née du sillon tracé par des paysans, ou bien ces paysans sont-ils les dépositaires d'une sagesse antique qui a choisi pour s'exprimer l'année qui commence au solstice d'été à la Porte de la Mort sous le signe de l'épi moissonné et s'achève à la Porte de la Vie, au solstice d'automne, entre les grenades ouvertes ?" (4ème couverture)

"On a beaucoup écrit sur l'Algérie. Écrits politiques ou grands reportages, la plupart péchaient par la partialité ou la rapidité, quand ce n'était par l'ignorance ou la mauvaise foi. Jean Servier parle ici de ce qu'il sait, de cette réalité : l'Algérie, qu'il connaît pour y être né, pour l'avoir étudiée avec l'oeil de l'ethnologue et du sociologue, et pour avoir vécu longtemps parmi ses paysans, Berbères et Kabyles.
Ce que sont les vrais besoins, matériels et moraux, du peuple algérien; ce qu'il est possible, raisonnable et juste, de faire pour qu'il ne meure plus de faim, échappe à la domination de ses seigneurs et de ses notables et retrouve sa dignité, voilà ce qu'expose ici Jean Servier. Les solutions qu'il propose ne sont pas du domaine de l'utopie. Ce sont des solutions pratiques : réforme communale et réforme agraire, suppression d'une justice - la justice musulmane - dont le peuple lui-même ne veut plus, promotion d'une jeunesse qui va, dans un avenir proche, tout bousculer sur son passage, si rien n'est fait pour lui ouvrir les portes de l'avenir. L'ère des promesses est close, il faut passer aux réalisations.
Il n'est pas encore trop tard. Mais si, de part et d'autre, la guerre est préférée à la paix, parce qu'elle est, malgré ses horreurs, un présent où chacun s'installe, une certitude de tous les jours, alors il faut s'attendre à des bouleversements qui transformeront la face du Maghreb et, bientôt, du monde occidental tout entier."