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"1950... L'auteur de ce récit, René Mary, âgé de 23 ans, est chef de section dans une unité de tirailleurs tonkinois, à Cao Bang. Remarqué par le colonel Charton, commandant de la garnison, dont on lira la préface, il est affecté à la Légion étrangère, participe aux durs combats de la R.C.4. Il est blessé et fait prisonnier par le Viét-minh. Alors commencent pour lui et ses compagnons sous-officiers I'aventure et le calvaire, objets de cet ouvrage, qui, paradoxalement, n'avaient jamais été racontés. Jamais le voile n'avait été levé sur le sort réservé aux sousofficiers du corps expéditionnaire retenus en captivité.
Écrit sobrement, sans recours aux artifices faciles et sans aucune haine, ce témoignage n'en est que plus saisissant. L'auteur l'a construit à partir de ce qu'il a personnellement vécu et enduré en prenant soin d'en faire attester l'authenticité par ses camarades d'infortune. Épreuves physiques incroyables, tentatives de récupération idéologique se succéderont pour des hommes soudés par l'épreuve, une épreuve dont beaucoup ne reviendront jamais. Ces survivants de l'audelà avaient peine à imaginer qu'ils seraient un jour libérés, d'autant plus que la "mort" de certains d'entre eux était officiellement annoncée..."

"Ce livre décrit quelques-uns des processus possibles d'émancipation coloniale, à travers les destins tourmentés de quelques hommes. De ceux-ci, il donne, non des portraits biographiques, mais des profils, vus et dessinés sous l'angle unique de leurs rapports avec le pays qui leur a donné les leçons, sans lesquelles ils n'auraient pas si fermement lutté contre lui.
Si, au-delà de l'indépendance, la construction des nouveaux Etats est affaire de plans, de cadres et d'entraide, les luttes qui y conduisent sont d'abord des affaires d'hommes. Ceux dont on a conté ici l'histoire sont devenus des ennemis, quand ils n'étaient pas des adversaires; des adversaires quand ils étaient des amis. Mais la situation, et la "force des choses " ont fait plus ' pour définir leurs relations avec la France que leurs intentions profondes. Le mouvement dans lequel ils étaient impliqués, comme nous, n'était pas propice à la sérénité. Il n'interdit pas de reconstruire des amitiés."