UV
Cote : 840 ZAK
"La casbah de la rue Marengo à la rue Randon sentait la propreté. On y respirait le bon air venu de la mer quand le soleil asséchait les dernières pluies et que les très rares automobiles n'avaient pas encore eu le temps de polluer l'atmosphère. Chaque effluve avait son mot à dire dans ce concerto à plusieurs voix. Le cordonnier et son odeur de colle forte et de cuir usagé, champion du ressemelage bon marché, de la virtuosité du petit marteau et des clous jaillissant comme par miracle de sa bouche, le boulanger et sa douce odeur de pain noir plus prononcée que le traditionnel pain français, le laitier qui renvoyait l'image du couscous au beurre arabe et du petit lait caillé dont raffolaient tous les enfants, l'épicier oriental, le
moutchou » et les senteurs acres et fortes de l'huile d'olive servie par demi-litre, coulant au ralenti d'une cuve vieille comme Hérode, de cette odeur doucereuse de Roja Net que Brahim distribuait par rincée et qui embaumait le capharnaüm dans lequel il se mouvait comme un poisson dans l'eau. Oui, la casbah possédait sa propre odeur, son propre langage, son propre peuple, ses propres coutumes et ses propres traditions, mélange d'orient et d'occident, à mi chemin de deux continents, ni tout à fait musulmane, ni tout à fait israélite, ni tout à fait européenne. Elle était tout cela à la fois et c'était la raison qui la rendait si attachante. Pour les adultes et pou les enfants qui y trouvaient un champ d'investigation et de découverte à nul autre pareil. Comme le bain maure de la rue Boulabah où les hommes et les femmes se rendaient à tour de rôle autant pour se purifier l'âme et le corps que pour discuter à bâtons rompus de tout et de rien. Des couple naissaient puis se mariaient au sein même de la rue Marengo car il était plus facile de trouver chaussure à son pied dans un cercle où les familles se connaissaient depuis les grands s arents jusqu'aux petits enfants."
"La casbah de la rue Marengo à la rue Randon sentait la propreté. On y respirait le bon air venu de la mer quand le soleil asséchait les dernières pluies et que les très rares automobiles n'avaient pas encore eu le temps de polluer l'atmosphère. Chaque effluve avait son mot à dire dans ce concerto à plusieurs voix. Le cordonnier et son odeur de colle forte et de cuir usagé, champion du ressemelage bon marché, de la virtuosité du petit marteau et ...
Roman ; Pieds-noirs ; La Casbah, quartier ; Juif
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