UV
Cote : 845 CLO-b
"Les hommes qui ont détenu (confisqué serait mieux dire) le pouvoir culturel en France depuis la fin de la dernière guerre mondiale, ont toujours eu des idées bien précises sur les tombeaux où nous devions finir par nous entasser en cette fin de siècle : aussi bien n'ont-ils toujours eu à nous proposer comme horizon ultime que le désespoir. Quels maîtres postés aux chaires les plus élevées de la philosophie ? Et quelles oeuvres prônées par Beaubourg, centre suprême du jugement sur ce qui est majeur et ce qui est mineur ? Toujours les lauriers se sont posés sur les fronts qui pensèrent, pour nous et contre nous, l'enfer de notre aveuglement.
Il en fut de même en politique où rien ne fut ménagé pour empêcher l'imagination, l'intelligence et le coeur de s'allier enfin pour inventer les solutions fraternelles qui eussent permis d'entrer avec enthousiasme dans le prochain millénaire. L'on vit ainsi des penseurs rentés saluer les goulags rouges mais favoriser le lâchage de l'Algérie dans la honte, la douleur et le mépris des hommes. Peut-on dire autre chose aujourd'hui quand on voit un peuple, hier lié à nous par les liens de l'histoire, ceux de la vie et de la mort, souffrir aujourd'hui les mille plaies de la division, de la tyrannie et de la misère ? On doit bien en avoir une conscience diffuse, puisque toujours l'on masque la question en évoquant à chaque fois le seul péché, monstrueux certes, de torture commis dans la hâte et la bêtise.
Le témoignage de René-Jean Clot, né en Alger l'année 1913, est en cette affaire d'autant plus précieux. René-Jean Clot dont, par ailleurs, l'on sait qu'il ne cesse, depuis ses vingt ans, de bâtir une oeuvre immense, dure et tendre, lucide jusqu'à l'angoisse, naïve jusqu'à l'espérance, une oeuvre à parts égales dévolue aux mots et aux couleurs. Mais cela n'a pu se faire qu'à l'écart du bruit et des fureurs qu'agitent les industries de la culture que préside, dans le cynisme d'une pensée morte, un État qui semble avoir tout oublié de ce qui fonde en vérité les valeurs de l'esprit, hors desquelles société se perd, se corrompt et meurt.
Dominique Daguet"
"Les hommes qui ont détenu (confisqué serait mieux dire) le pouvoir culturel en France depuis la fin de la dernière guerre mondiale, ont toujours eu des idées bien précises sur les tombeaux où nous devions finir par nous entasser en cette fin de siècle : aussi bien n'ont-ils toujours eu à nous proposer comme horizon ultime que le désespoir. Quels maîtres postés aux chaires les plus élevées de la philosophie ? Et quelles oeuvres prônées par ...
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