UV
Cote : 313 MAY
[Texte de l'allocution prononcée par René Mayer le 12 mai 2006 à Paris, à l’Unesco, à l'occasion du soixantième anniversaire de "l'Algérienne", plus ancienne association fondée en Métropole de Français d'Algérie, présidée par M Roland Blanquer.]
"Alors qu’ils n'étaient le plus souvent arrivés en France qu'avec une simple valise pour tout bagage, alors qu'ils n'étaient généralement que d’origine modeste : fils ou filles d’employés de bureau, de petits fonctionnaires, d'agents des services publics (électricité ou gaz, PTT, chemins de fer ou tramways), de petits commerçants, d'instituteurs etc…, les Français d'Afrique du Nord ont été contraints de se réintégrer dans l'urgence en Métropole. Ils n’y avaient généralement plus aucune attache. Leurs aïeux étaient partis pour le Maghreb quatre, cinq ou six générations auparavant. En 1962, ils furent délibérément dispersés sur l'ensemble du territoire métropolitain.
Quand ils étaient originaires de Métropole, ce qui n’était pas toujours le cas, leurs ancêtres avaient généralement émigré à partir des régions les plus pauvres de l’Hexagone, régions soumises à l'exode rural et aujourd’hui pratiquement désertifiées : sud du Massif central, Haute Saône, Hautes Alpes etc où ils ne risquaient pas de renouer avec leurs lointaines racines, depuis longtemps disparues. En ce sens, le terme rapatriement s’applique bien mal à leur exode. Il ne rend compte que très approximativement des difficultés qu’ils rencontrèrent, des obstacles qu'ils durent surmonter, des épreuves qu'ils eurent à franchir pour se réimplanter dans des territoires avec lesquels, auparavant, ils n’avaient jamais eu le moindre contact.
Comme leurs ancêtres au moment de leur première transportation (c’est le mot qui fut utilisé au 19ème siècle pour désigner l’envoi d'office de populations destinées à faire de l’Algérie une colonie de peuplement), ils furent conduits vers des lieux où rien n’avait été préparé pour les accueillir. Ils durent à nouveau y improviser une vie et y faire leur trou.
Sans même parler des Harkis, ces citoyens français échappés au massacre, qu'on enferma derrière des barbelés et qui y restèrent, comme à Mouans Sarthoux, aux environs de Grasse, près de trente années, le premier accueil des populations locales ne fut pas toujours très avenant.
Il n'en est que plus réconfortant, quarante-cinq années plus tard, de constater que, malgré quelques drames, la réinsertion de ces Français d'Afrique du Nord est aujourd'hui dans l'ensemble un succès. Non seulement ils ont su trouver des emplois et s'adapter à un environnement social qui ne leur était pas familier, mais ils ont parfaitement appris à utiliser les ascenseurs sociaux que leur offrait la Métropole.
Au moment de l'exode, ils ne représentaient que 2 % de la population métropolitaine. Ils fournissent aujourd’hui des proportions sensiblement plus importantes des catégories sociales les plus sélectives. De la science à l’économie, du droit à la culture, des hautes fonctions administratives au journalisme, ils se sont illustrés dans les domaines les plus divers."
[Texte de l'allocution prononcée par René Mayer le 12 mai 2006 à Paris, à l’Unesco, à l'occasion du soixantième anniversaire de "l'Algérienne", plus ancienne association fondée en Métropole de Français d'Algérie, présidée par M Roland Blanquer.]
"Alors qu’ils n'étaient le plus souvent arrivés en France qu'avec une simple valise pour tout bagage, alors qu'ils n'étaient généralement que d’origine modeste : fils ou filles d’employés de bureau, de ...
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